Le transfert d’une compagnie d’une génération d’une famille à la suivante est un projet qui fait peur à beaucoup de gens, tant ceux qui font partie de ces familles que les professionnels qui les aident.

Il y a plusieurs choses qui peuvent compliquer la tâche des familles dans ce genre de transfert, surtout puisqu’il consiste en réalité de plusieurs transferts, et que ces transferts varient en ce qui concerne leur début, leur fin, leur durée, et le fait qu’ils peuvent se chevaucher dans le temps ou non.

Je parle ici non seulement de qui fait quoi, mais aussi de qui en profite, quand, et comment. En plus, qui décide, qui contrôle, qui a le droit de faire quoi, qui est responsable, qui doit être consulté avant, qui doit être avisé après, etc.

En grande ligne, il y a le transfert des actions d’une entreprise (en anglais, ownership), et le tranfert de la gérance de la compagnie (management). Plus l’entreprise est petite, plus il est probable que le nombre de personnes impliquées est petit, et plus l’entreprise est grande, plus il y a de monde, ce qui augmente la complexité.

Pour chacune de ces questions, il existe une variété presque infinie de possibilités, même s’il y a des “règles générales” qu’on peut suivre.

Aux États-Unis, la population est assez vaste et la valeur monétaire des entreprises familiales est assez grande qu’il existe un grand nombre de spécialistes qui sont disponibles pour servir ces familles et compagnies, et les avocats et fiscalistes sont très créatifs et les aident avec diverses façons de minimiser leurs impôts en même temps.

L’influence américaine se fait sentir également au Canada anglais, malgré que nous avons (heureusement) moins d’avocats. Au Québec, l’influence se fait sentir beaucoup moins.

De mon point de vue, le Québec est une société distincte à bien des égards, incluant évidemment la langue et la culture, mais aussi par rapport aux façons dont les familles traitent leur héritage d’une génération à l’autre.

Ici, quand on parle de la relève, c’est souvent vu comme une question de ressources humaines de la société, plutôt qu’une question de s’assurer qu’un membre de la famille soit intéressé et capable de remplacer le parent entrepreneur.

Comme exemple, quand j’ai appris que Groupe Relève Québec existait, je me suis intéressé instantanément, et j’étais très surpris d’apprendre que les gens qui se spécialisent dans les entreprises familiales sont qu’une petite minorité du groupe.

Il y a aussi le cas de CAFÉ, (Canadian Association of Family Entreprise) qui existe depuis plus d’une trentaine d’années, mais que depuis bien des années n’a aucune présence au Québec.

Nous avons pourtant beaucoup d’entrepreneurs, et beaucoup de compagnies familiales. C’est peut-être grâce au Groupement des Chefs d’Entreprises et son succès qu’il n’y a plus de place pour CAFÉ?

Il y a déjà eu des efforts pour créer des associations semblable à CAFÉ pour les Québecois, mais leur succès a été questionable. Je sais que HEC et McGill avaient eu le Centre International pour les Familles en Affaires (CIFA), mais ma recherche sur Google me revient avec des liens qui datent des années 2010 à 2012.

Je vois aussi des mentions pour Institut Québecois pour les Familles en Affaires, incluant une nouvelle récente disant que la famille Molson a contribué une somme d’argent pour son soutient.

Si je reviens au titre de ce blogue, je parlais de transfert d’entreprise et de patrimoine, en même temps. Ceci ne veut pas dire que je crois que garder la compagnie dans la famille est toujours la meilleure solution, parce que c’est loin d’être la réalité.

Ce que je préconise, c’est que les propriétaires d’entreprises fassent une bonne analyse et une longue réflection pour voir comment ils vont transférer non seulement la compagnie qu’ils ont créée, mais aussi la valeur de cette entreprise en tant que patrimoine familial pour la génération suivante, si possible ensemble.

Pour moi, il me semble qu’ailleurs c’est beaucoup plus commun et c’est une plus grande priorité qu’ici, et j’aimerais faire partie de l’amélioration chez nous.